Excellence Monsieur le Président de la Transition,
Président du Faso,
Je voudrais avant tout propos vous traduire avec déférence la gratitude de la communauté universitaire que vous honorez ce matin par votre présence effective en son sein, à l’occasion de l’événement majeur qu’est la cérémonie de baptême de l’Université de Ouagadougou.
Le moment est historique, il est particulièrement empreint d’émotion eu égard à l’insigne honneur qui m’est fait, en tant que président de l’Université de Ouagadougou, de prendre la parole, à cet effet.
Excellence Monsieur le Président,
Distinguées personnalités,
Mesdames et messieurs
L’Université de Ouagadougou, créée en 1974, avec environ 400 étudiants, en compte aujourd’hui près de 50 000.
Première université du pays, elle joue aujourd’hui un rôle clé dans l’offre éducative, scientifique et culturelle et jouit d’une bonne réputation dans l’espace universitaire francophone et bien au-delà.
La cérémonie de baptême de l’Université de Ouagadougou, au-delà de l’acte, revêt une symbolique très importante. Elle traduit la volonté de nos plus hautes autorités, particulièrement celle de son Excellence Monsieur le Président de la Transition, Président du Faso, de marquer davantage le rayonnement et l’aura de notre temple du savoir en l’arimant à l’image d’une icône scientifique, culturelle et politique mondialement reconnue. Vous l’avez certainement deviné, il s’agit de notre maître, notre grand maître, j’ai nommé le Professeur Joseph Ki-Zerbo.
Nous avions vivement espéré et souhaité que soit témoin de ce grand évènement l’épouse de l’illustre disparu. Malheureusement le destin en a voulu autrement en arrachant à notre affection cette brave et grande Dame, qui a été rappelée à Dieu le 15 décembre dernier.
Excellence Monsieur le Président du Faso, en la mémoire de l’illustre couple, de toutes celles et tous ceux qui, en tant membres de la communauté universitaire, ont sacrifié leur vie pour cette université et qui ne sont plus de ce monde, je voudrais que nous puissions leur accorder une minute de silence (….) Merci
Excellence Monsieur le Président du Faso,
Distinguées personnalités
Mesdames et messieurs.
Avant de poursuivre, permettez-nous également de faire une mention spéciale aux acteurs de la communauté universitaire dont l’abnégation et le dévouement ont permis de faire de cette université ce qu’elle est aujourd’hui. Je citerai le Professeur Yembilla Abdoulaye Toguiyéni, premier Recteur de l’Université de Ouagadougou et tous les Recteurs, Chanceliers et Présidents qui lui ont succédé à la tête de cette institution. Je n’oublie pas nos maîtres, les enseignants-chercheurs, le personnel ATOS et les étudiants.
Excellence Monsieur le Président du Faso,
Mesdames et messieurs
La vie et l’œuvre du Professeur Joseph Ki-Zerbo sont d’une grande portée scientifique et culturelle, aussi bien pour le Burkina Faso que pour l’Afrique entière et toute l’humanité.
Présenter la vie du Professeur est toujours un exercice difficile ; permettez-moi, cependant, de le faire en quelques mots.
Il est admis aujourd’hui que le Professeur Joseph Ki-Zerbo est le plus célèbre intellectuel du Burkina Faso sur l’échiquier international. Né à Toma le 21 juin 1922, il a fait ses études aux séminaires de Pabré et Faladiè (au Soudan français) et obtenu le Baccalauréat en 1949.
Infatigable travailleur, le Professeur Joseph Ki-Zerbo a consacré toute sa vie à la cause de l’Afrique. En effet, le crédo de l’indépendance, de la construction et du développement dans toutes ses dimensions d’une Afrique unie, a constitué le fil conducteur de l’ensemble de ses actes. Joseph Ki-Zerbo a effectué des études en sciences politiques et en histoire, à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (IEPP) et à la Sorbonne. Diplômé de l’IEPP en 1955, il obtient brillamment l’ agrégation en Histoire en 1956, devenant le premier Africain agrégé dans cette discipline.
De 1949 à 1956, tout en poursuivant ses études, Joseph Ki-Zerbo mène une vie militante intense. Son engagement politique le conduit à prendre des positions sans ambigüité pour une Afrique indépendante unie.
Plus tard, il se consacrera à écrire l’histoire de l’Afrique et à décrire les conditions de son développement endogène. L’étendue et la variété de son œuvre ne permettent pas de faire la liste exhaustive de ses ouvrages. On peut juste mentionner les principaux d’entre eux qui sont : Histoire générale de l’Afrique vol I (1978) et vol IV(1991), Eduquer ou Périr (1990), La natte des autres (1992), A quand l’Afrique ? (2005)
Enseignant à Dakar (Sénégal), à Conakry (Guinée) et à Ouagadougou (Burkina Faso), concepteur et premier Secrétaire général du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES) de 1967 à 1979, le Professeur Joseph Ki-Zerbo a aussi occupé de nombreuses fonctions internationales au nombre desquelles on peut citer, entre autres, : membre du Conseil Exécutif de l’UNESCO (1972-1978), Président de l’Association des Historiens Africains (1975-2005). Le Professeur Joseph Ki-Zerbo a également reçu de nombreuses distinctions sur le continent africain comme à l’extérieur, dont, entre autres, des titres de Docteur Honoris Causa et de Commandeur de l’ordre des Palmes Académiques.
Excellence Monsieur le Président
Mesdames et messieurs
Après ce très bref résumé de sa vie, on peut affirmer donc que le Professeur Joseph Ki-Zerbo a été à la fois un militant, un intellectuel, un historien et un leader politique. Il a laissé un riche héritage d’écrits, d’idées et d’orientations qui méritent d’être pérennisé.
Excellence Monsieur le Président
Mesdames et messieurs
En ces moments décisifs et historiques pour notre pays, permettez-moi de rappeler, afin d’inspirer notre jeunesse, l’engagement intellectuel et militant du Professeur Joseph Ki-Zerbo, sa détermination et sa constance dans la défense de ses convictions. Il a essayé, toute sa vie durant, de mettre sa notoriété au service des idées qu’il considérait comme justes et d’être une lampe sur le chemin de la liberté : son anticolonialisme ne l’a-t-il pas conduit, avec son épouse, à aller apporter leur soutien à la Guinée de Sékou TOURE après le « Non » historique au référendum de septembre 1958 ?
Excellence Monsieur le Président
Mesdames et messieurs
La cérémonie de baptême de l’Université de Ouagadougou en son illustre nom s’inscrit dans cette dynamique de pérennisation de l’œuvre de ce grand patriote burkinabè et africain. Du reste, l’association africaine des Historiens et l’association internationale des Historiens, avaient souhaité los de ses obsèques de baptiser l’université de Ouagadougou en son nom.
C’est aussi un défi à la communauté universitaire qui, désormais, doit exceller et exceller davantage dans les offres de formation et dans les productions scientifiques, afin de placer le rayonnement et la notoriété de cette université au niveau atteint par le Professeur Joseph Ki-Zerbo avec l’espoir que les générations actuelles et à venir le dépasseront.
Excellence Monsieur le Président
Mesdames et messieurs
Avant de clore mon propos, je voudrais profiter de ce moment privilégié pour réitérer très sincèrement notre profonde gratitude à son Excellence monsieur le Président de la Transition, Président du Faso, dont la volonté permet d’honorer, en ce jour mémorable, la mémoire du Professeur Joseph Ki-Zerbo.
Au-delà, c’est à l’ensemble du Gouvernement de la Transition que je voudrais ici traduire les remerciements de toute la communauté universitaire. Permettez-moi aussi, Excellence, de saluer l’heureuse initiative, qui pourrait bénéficier de l’accompagnement des autres ministères et institutions afin de donner plus d’éclat à cet acte, notamment par l’implantation, par exemple, de feux tricolores à ce passage qui devient désormais l’entrée principale de l’université.
Que la sagesse et l’espérance qui ont caractérisé la vie et l’œuvre du Professeur Joseph Ki-Zerbo puissent inspirer chacun de nous à l’éveil des consciences citoyennes pour le développement de nos universités et de notre pays.
Dieu bénisse l’Université Ouaga I Professeur Joseph Ki-Zerbo !
Dieu bénisse le Burkina Faso !
Je vous remercie pour votre aimable attention